— Toi, tu es célibataire depuis quand?

 

LA question! Celle qui me donne un p’tit coup de poing dans le ventre. Ça se dit-tu vraiment? Est-ce que les fréquentations exclusives ça compte? Est-ce que les micros relations comptent? Je me dis que oui, mais en même temps si la discussion se développe, mon interlocuteur va bien s’apercevoir que finalement, je suis une célibataire de l’ère préhistorique et que ma vie « d’en couple » est un peu pathétique. Avant je finissais par dire « Ouin, j’avais 17 ans à ma dernière vraie relation. Oui, mon vrai premier amour. Ouin, juste un an. » Les autres… des crushs indescriptibles qui meurent dans l’œuf, des fréquentations sans avenirs par divergences profondes d’affinités… Mais vraiment, je crois que maintenant je comprends que c’était moi tout ce temps qui ne voulais pas vraiment. Qui avait trop peur d’un cœur en morceaux parce que je m’imaginais que c’était la seule issue pour un cœur qui veut trop aimer. Je ne sais pas pourquoi il veut tant aimer les hommes ce cœur, surement parce qu’il a trop souffert de carence d’amour paternel dans sa tendre enfance.

Il y a presque 4 mois, y’a eu lui. Lui qui m’a fait sentir que je pouvais essayer, malgré mon incapacité à croire j’ai cru. J’ai accepté de croire des mots, des moments. C’est correct parce que ça m’a montré que je ne suis pas autant inapte à l’amour que je me le faisais croire. Après avoir tant travaillé sur mes démons qui me grugeaient l’intérieur, je voyais enfin du bleu dans le ciel. J’ai cru malgré mon intuition qui me criait « VAS PAS LÀ! Y’A UN PIÈGE! » J’y ai cru même si je ne me sentais pas toujours moi. Je me suis poussé à croire parce que je ne voulais pas avoir perdu du temps. Ma plus grande crainte dans la vie étant de perdre mon temps sur quelque chose voué à l’échec.

Après 3 mois, je savais que c’était terminé. Crime! J’hais ça! C’est quoi ça?! 3 mois c’est pas vraiment une relation! Surtout pour ceux qui sont en couple depuis toujours, 3 mois ce n’est rien, mais pour moi, c’est quelque chose. C’est quelque chose parce que je me suis laissé dire « je t’aime ». Des mots qui me font peur quand ils ne sont pas pour ma famille ou mes amies. Ils font mal à dire la première fois, quand tu te demandes si c’était le bon moment de les dire, ils font mal quand tu regardes le visage de l’autre qui se fige parce que les mots ont arrêté le temps. J’ai appris qu’ils ne mordent pas finalement et que c’est parfait de les dire quand tu les ressens pour vrai. Là, j’en suis à me demander le vrai, il dure combien de temps. Si je me fie à ce qu’il m’a appris, ça dure que la moitié du temps. Sur 3 mois, ça ne fait pas beaucoup.

La moitié? Vraiment? Pour cette fois-ci c’est ce que je retiens. Le vrai oui, le vrai je veux être avec toi, il a duré la moitié. Jusqu’à ce qu’il se fasse peur. C’est là qu’il s’est mis à faire ce que je faisais toujours avant, il a eu peur du bonheur que la vie et qu’une personne t’apporte en changeant ta vie. Le changement quand tu n’es pas prêt ça te fiche un méga mal de ventre qui te fait courir jusqu’à chez toi. Je lui ai sans doute donné la plus grande diarrhée de stress de sa vie parce qu’après ce moment précis j’ai senti que tout changeait. Je ne dis pas qu’il n’a pas essayé de prendre quelques imodiums en croyant que ça allait passer, mais une médication, ça ne guérit pas tout.

Pendant juste trois mois, je m’étais habitué à conjuguer nos défauts, à gérer nos personnalités, à partager les petites niaiseries du quotidien, mais je lui ai quand même dit de ramasser son peu d’affaires. Je trouvais ça moins dur que de dire « c’est fini », ça faisait moins mal. On faisait semblant de ne rien voir de toute façon. Il fallait qu’un de nous le fasse. J’avais peur d’avoir mal ou même trop mal, mais j’ai plutôt compris ce que tout le monde essayait de me faire comprendre depuis toujours : qu’il ne faut pas voir ça comme une perte de temps. J’avoue que c’est vrai, car j’ai appris beaucoup sur moi dans cette courte relation. Du genre qu’il faut que je sois plus attentive à mon intuition de cette façon, je respecte ma personne. J’ai surtout appris à aimer la femme que je suis, car je la trouve vraiment formidable. J’aime celle que je suis quand j’aime pour vrai. Je l’ai appris grâce à lui, mais il m’a aussi fait réaliser que je dois être avec quelqu’un qui m’apprécie pour vrai et non qui me prend pour acquise.

 

J’aimerais lui dire « oui je peux être ton amie » parce que je suis convaincu que nous pourrions avoir de beaux moments. D’un sens nous nous entendions bien ce n’est pas la raison de notre échec. C’est juste que c’est trop frais et ça fait que je me vois mal partager un beau moment en ayant à contrôler l’envie de coller mes lèvres aux siennes. J’ai bien beau être en paix avec l’issue de la relation, je ne peux juste pas m’en demander tant pour le moment. Je ne suis pas encore là dans mon cheminement, un jour peut-être.

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